Walter Vaes (1882-1958). Eaux-fortes et peintures
En 2021, le Musée L recevait de Jean-Marie Gillis – professeur émérite de l’université catholique de Louvain – une donation de plus de cent cinquante eaux-fortes du peintre-graveur anversois Walter Vaes, achetées directement auprès de la famille de l’artiste par l’amateur d’estampes Paul-Florentin Masson (1889-1946).
Grâce à la collaboration de galeries et de collectionneurs privés, le Musée L présente, dans son espace d’exposition permanente, une cinquantaine de ces eaux-fortes accompagnées de quelques peintures.
Aujourd’hui peu connu en Belgique, Walter Vaes est un petit maître honoré de son vivant par plusieurs prix et distinctions académiques et très apprécié à Anvers d’une clientèle de notables. Il peint majoritairement des portraits, scènes de genre et natures mortes, à une époque où la peinture académique anversoise est renouvelée par le réalisme. Loin d’être représentatif de son œuvre peint, cet accrochage met en rapport quelques tableaux avec sa production gravée. Vaes commence l’eau-forte par distraction, autour de 1900. Il grave de nombreux paysages (rapidement abandonnés dans sa peinture), et déploie aussi dans l’eau-forte un imaginaire monstrueux qui n’est que latent dans les tableaux. Les poissons, les coquillages de ses natures mortes prennent dans les gravures une tournure fantastique, hallucinatoire et caricaturale, qui apparaît en 1904 mais que Vaes exploite tout particulièrement pendant la Première Guerre mondiale, au moment où la ville d’Anvers est assiégée par l’armée allemande.
Vaes prolonge ainsi un usage fantastique de la gravure caractéristique du XIXe siècle. C’est en effet dans la gravure que les errements de l’imagination ont trouvé un terrain d’épanouissement, et particulièrement dans l’eau-forte qui connaît un spectaculaire renouveau dans les années 1860, en France et en Belgique. Au moment de la fondation de la Société des aquafortistes à Paris en 1862, l’éditeur Alfred Cadart la décrit comme « le caprice, la fantaisie, le moyen le plus prompt de rendre sa pensée ». Vaes hérite cet usage de l’eau-forte plus directement de James Ensor (1860-1949). Gravée directement à la pointe sur une plaque de métal recouverte de vernis destinée à être mordue par l’acide, l’eau-forte permet un tracé cursif proche du dessin. Elle se prête aussi bien à la description de vues sur le motif qu’à la transcription de visions intérieures. Vaes l’utilise ainsi : pour saisir les paysages qu’il observe mais aussi pour y faire surgir des monstres, sans discontinuité.
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Walter Vaes, Duivelarij, Herrschaften (Diableries, Herrschaften), 1916. Eau-forte sur papier Japon. Musée L, fonds Paul Masson – donation J.-M. Gillis, no inv. 2021.81. © Tous droits réservés / photographie : Musée L – J.-P. Bougnet.