Au 19e siècle, l'atelier d'artiste, objet architectural, devient objet médiatique (pictural, littéraire, journalistique, photographique) qui nourrit un imaginaire fertile et contribue à la construction du mythe de l'artiste. Les écrivains ne sont pas les moins fascinés par ces représentations, dans lesquelles se donnent à voir, dans des scénographies élaborées mêlant décors, outils, matières, l'acte de création en même temps qu'un mode d'être artiste. Certains, que ce soit dans leur production littéraire, soit dans l'aménagement concret de leur espace de travail, chercheront, à l'instar de leurs collègues artistes, à se construire un "atelier" susceptible d'incarner un être écrivain, mais aussi de stimuler le processus même d'écriture. Nous proposerons une réflexion sur ce transfert dans le champ littéraire belge de la fin du 19e siècle, connu pour sa porosité entre domaines artistiques et la proximité qu'elle a permis entre écrivains et plasticiens.
Par Laurence Brogniez (Professeure de Littérature à l'ULB)