Le Musée L vient d’être reconnu comme opérateur culturel thématique dans le cadre du "PECA" prévu par le Pacte d’Excellence, réforme importante de l’enseignement. L'occasion de faire le point sur le travail de médiation effectué par le musée avec notre médiatrice culturelle Pauline Baltieri.
Entretien réalisé par les Amis du Musée L et publié dans le magazine L Correspondances de mars 2023.
Le musée vient d'être reconnu comme opérateur dans le cadre du PECA. Qu'est-ce que cela signifie ?
Le PECA, ou Parcours d’Éducation Culturelle et Artistique, va permettre à tous les élèves en Fédération Wallonie-Bruxelles - depuis la maternelle jusqu’à la troisième secondaire - d’entrer en contact avec l’art et la culture, d’expérimenter des pratiques culturelles et artistiques, de rencontrer des artistes et des professionnels du monde culturel. La reconnaissance du musée comme opérateur thématique (et l’important subside qui y est lié) va donc nous permettre d’accueillir de nouveaux publics scolaires, parfois peu habitués aux lieux culturels… Initier ces adultes de demain à l’art et au patrimoine est essentiel : le musée a un réel rôle sociétal à jouer !
Afin d’accueillir au mieux ces publics scolaires, nous avons construit, en collaboration avec l’asbl Artschool, une animation en deux temps, sur le thème Ligne, rythme et mouvement. La première animation se déroule directement dans les classes où les animatrices d’Artschool présentent et font dialoguer des œuvres d’ar-tistes contemporains avec des œuvres du mu-sée. Un atelier créatif est également proposé aux enfants. Plus tard, les classes viennent découvrir le musée et ses œuvres grâce à une visite guidée active, créative et ludique. Au cours de la visite, les élèves prendront égale-ment conscience de leur rôle dans la conser-vation du patrimoine. Pour terminer en beauté, une grande exposition rassemblera, en fin d’an-née scolaire, les créations de tous les élèves ayant participé au projet. Les premiers ateliers Artschool commencent en février et nous al-lons recevoir les premières écoles à partir de mars. C’est un beau projet, dynamisant !
À partir de quel âge accueillez-vous les enfants et que proposez-vous aux enseignants ?
Parallèlement à ce projet, nous continuons bien évidemment à accueillir les enfants des écoles à partir de la classe d’accueil (2 ans et demi) jusqu’à la sixième secondaire. Nous proposons aux enseignants un panel très varié de visites guidées et de visites ateliers, sur différents thèmes… que nous avons étudiés et développés de manière à faire écho à leurs référentiels et programmes de cours. Ainsi, par exemple, de nombreux professeurs de français de secondaires choisissent notre visite Comment regarder une œuvre d’art ? pour faire le lien avec leur unité d’acquis apprentissage consacrée à la rencontre avec une œuvre culturelle. Ils demandent alors à leurs élèves de rédiger, suite à leur visite du musée, un récit d’expérience culturelle ou même de choisir une œuvre du musée comme sujet de rédaction. Avec l’exposition Fossiles & fictions, quelques professeurs de sciences se manifestent aussi !
Pour la visite de la ville de Louvain-la-Neuve, nous répondons à des demandes de classes maternelles, mais surtout primaires et secondaires. Le sujet illustre bien les cours d’éveil et d’étude du milieu. Quant aux rhétos, nous leur faisons découvrir la ville en mettant l’accent sur l’aspect universitaire de celle-ci.
Notre but est d’amener les enfants à devenir plus autonomes par rapport aux œuvres d’art, à les initier à les observer et à se sentir proches d’elles.
On entend des voix d’enfants dans le musée le mercredi…
Chaque mercredi après-midi, des enfants participent à des ateliers créatifs appelés « Enfanf’Art ». En une heure et demie, nous leur faisons découvrir une œuvre du musée et leur proposons une activité créative dans l’Atelier L, au rez-de-chaussée. Souvent, nous développons des thèmes sur plusieurs séances, le voyage, la ligne, la nourriture… sortes de petits fils rouges qui nous permettent de varier les techniques artistiques développées. Chaque année, leurs créations sont exposées au musée, dans l’atelier, au début du mois de juin. Et l’exposition est ouverte à toutes et tous !
Que souhaitez-vous développer à l’occasion de ces ateliers ?
Notre but, comme pour le public scolaire, est d’amener les enfants à devenir plus autonomes par rapport aux œuvres d’art, à les initier à les observer et à se sentir proches d’elles. Et puis, il y a cette créativité que nous essayons de réveiller et de titiller chez les enfants au cours de ces ateliers. Nous n’avons aucune prétention à leur apprendre à dessiner – le musée n’est pas une académie, et nous n’avons pas de formation en beaux-arts - mais nous essayons d’aller chercher ce petit quelque chose qui se trouve en chacun d’eux (de nous! ) et de le libérer. Bien sûr, il y a toujours une part de consignes de base, de cadre, mais cela n’empêche pas la créativité et, très souvent, les enfants sortent de ce cadre et font des propositions détournées et étonnantes. D’atelier en atelier, cette créativité se développe, se libère… C’est merveilleux !
Après le temps de l’école vient celui des vacances. Quelles activités proposez-vous aux familles ?
Des « Journées Familles » tout d’abord, proposées pendant les vacances scolaires (sauf l’été), soit une journée, voire deux, le mercredi et le dimanche. À partir d’une thématique, nous proposons une découverte du musée et de certaines œuvres par le biais d’un petit carnet - avec un mot explicatif sur l’œuvre, une anecdote ou une petite histoire - et une activité. Le but est de susciter des échanges au sein de la famille qui agit de manière autonome. Le mercredi, une médiatrice propose un atelier ouvert à tous, y compris aux grands-parents.
Nous organisons aussi des stages : celui du Carnaval est complet ! Il y a de la place pour celui des vacances de printemps. Deux stages sont également prévus cet été, mi-juillet et fin août, ce dernier en collaboration avec la bibliothèque. Pratiquement, on reprend l’esprit des ateliers créatifs.
Pauline, pourquoi as-tu choisi de travailler au sein du Service aux publics du Musée L ?
J’ai toujours senti cette volonté, cette envie de partager et de transmettre, de jouer ce rôle de lien entre l’objet et un public d’enfants ou d’adultes. C’est pour moi un challenge que d’arriver à trouver ce petit « truc » qui va toucher le public et l’intéresser. Et le retour du public, je le vois, je le ressens et c’est gratifiant.
Mon rôle de médiatrice culturelle, ce lien avec l’œuvre et le public, cette relation triangulaire est très enrichissante. De plus, la particularité du Musée L, la diversité incroyable de ses collections, la programmation des expositions, tout cela m’incite à me plonger sans cesse dans de nouveaux contenus. Je ne m’ennuie jamais, il y a toujours quelque chose à découvrir…