Découverte collection

L’escadrille de printemps de Gertrude O’Brady

Au fil des jours, pour faire rayonner les collections du musée à distance et vous proposer un moment de détente et d'évasion culturelle, l'équipe du Musée L et ses amis-bénévoles vous présentent leurs coups de cœur.

Notre bénévole Christianne Gillerot nous partage son coup de cœur pour "L’escadrille de printemps" de la peintre américaine Gertrude O’Brady. Tableau qui attire par sa gaîté, sa joie de vivre.

"Il est lumineux par un ciel bleu et un décor fleuri. C’est comme un poème à la joie qui traduit un climat chaleureux et désinvolte.

Il est intéressant de découvrir la personnalité de l’artiste et de situer cette œuvre dans le contexte de l’époque. C’est auprès des impressionnistes qu’elle a commencé à peindre et, très vite, elle a été reconnue comme « le météore de la peinture naïve ». Elle s’est spécialisée un temps dans des évocations nostalgiques du passé. Dans L’escadrille de printemps, c’est tout différent. Elle a voulu ignorer la situation à Paris sous les bombardements en 1940. Par cette expression naïve, elle a métamorphosé un ‘cataclysme’, une évidence en fantaisie poétique porteuse d’espoir d’un renouveau."

Gertrude O’Brady artiste peintre « naïf » insaisissable 

Par Christianne Gillerot publié dans le Courrier #27

D’origine irlandaise, Gertrude O’Brady est née dans les environs de Chicago en 1903. Aînée d’une famille nombreuse, elle a connu une jeunesse privilégiée consacrée à l’étude et surtout au piano. Ses aspirations à parfaire une formation en composition l’ont conduite plusieurs fois en France. C’était une jeune fille pleine d’enthousiasme et de gaieté. Vers l’âge de 24 ans, elle a été frappée par la maladie. Une anémie pernicieuse l’a obligée à freiner ses enthousiasmes de jeunesse. Elle s’est mariée à deux reprises et a essayé de mener une vie paisible en rapport avec ses forces physiques. Toutefois, l’attirance de l’Europe l’a dominée et, à 36 ans, elle réalise qu’elle doit absolument contrer la maladie qui s’aggrave sans perdre plus de temps. Elle brave l’autorité paternelle pour tenter à tout prix de se réaliser et de laisser une trace dans la vie.

Comment traduire ce rêve ? En politique, dans le domaine artistique, par l’écriture ou par un engagement religieux…? Finalement, elle décide de se rendre en Espagne pour y combattre la dictature, rêve fou qui n’a pas pu aboutir. Arrivée en Europe par la France, la maladie lui impose d’y rester. C’est à Paris et sur les bords de Seine qu’elle se découvrira, en 1939, un don insoupçonné et une vocation inattendue d’artiste peintre encouragée et soutenue par Anatole Jakovsky, critique d’art, collectionneur et appelé le « pape de l’art naïf».

L'évolution de son art se décline en trois temps :

Peu après son arrivée à Paris, elle s’est mise à peindre à Bougival, aux côtés des impressionnistes qu’elle découvre. Utilisant un matériel des plus sommaires, elle peignait assise dans l’herbe, la toile sur les genoux. Et, ce fut le début d’une production étonnante de plus de soixante œuvres en deux ans. Cette abondance a traduit un désir de création euphorique et imprévisible qui l’a distraite de sa maladie.

Anatole Jakovsky tombe en admiration et considère être face à une révélation dans la peinture naïve. Les qualités de coloriste de Gertrude sont particulièrement exceptionnelles. Il décrit Gertrude comme « le météore de la peinture naïve » et la considère l’égale du Douanier Rousseau. Elle serait aussi qualifiée de « l’Arthur Rimbaud de la peinture » qui lui-même était qualifié de « poète de la bizarre souffrance ». Beaucoup de ses tableaux représentent des scènes de la Belle Époque. Elle y immortalise les rues de Paris, les petits commerces, les passantes aux ombrelles, les voitures ancêtres, les promenades du dimanche… ; toute une agréable vision d’un temps serein mais révolu. En 1940, elle réalise l’Escadrille de printemps, tableau que nous connaissons bien. Il fait partie de la collection du musée, donation de Noubar et Micheline Boyadjian1, et figure sur la couverture du Florilège du Musée de Louvain-la-Neuve2. Dans cette œuvre, elle veut nier l’évidence tragique de la guerre par une vision tout à fait contradictoire. Des petits avions en fête s’exhibent dans le ciel bleu de Paris au fondu particulièrement bien rendu. Décorations florales, drapeau français, couples amoureux, rien n’est laissé au hasard de l’événement. Elle a l’aisance de métamorphoser une évidence.

C’est dans sa maladie, grâce à sa maladie, qu’elle a pu exprimer la philosophie de sa création artistique : peindre un monde tout simple et harmonieux qui permet de vivre en rêve dans le souvenir, mais qui donne aussi un signal au renouveau et un appel à la paix. 25 AMIS En 1940 à Vittel, elle développe l’art du portrait. Elle y sera déportée en tant qu’Américaine et y restera jusqu’en 1944. Là, après une distribution fortuite par la Croix-Rouge de crayons et de papier aux détenus, elle s’est donné comme mission de dessiner le portrait de compagnons d’infortune ainsi que certains lieux de vie. Ses dessins se sont révélés très précieux tant pour ses modèles que pour son art. Elle a pu fixer dans le temps ces moments difficiles. Et, lors d’une exposition qui lui a été accordée au Grand Hôtel de Vittel en 1944, beaucoup ont pu se reconnaître avec émotion et bonheur. Elle y a ajouté plusieurs autoportraits qui la révèlent plongée dans le rêve et dans son secret. À la fin de la guerre, elle change de style. Elle choisit de rester en France et, dans un certain dénuement, elle mène une vie nomade de maisons amies à des séjours à l’hôtel. Elle peint et dessine des paysages, des animaux, des fleurs, tout en continuant à exécuter les portraits de tous ceux qu’elle rencontre, du facteur aux plus illustres tels Jean Cocteau, Paul Eluard, Jean Dubuffet. Contrairement aux premières œuvres, son expression est fidèle à ce qu’elle voit, mais elle l’imprègne de ses émotions. Dans les portraits, après avoir croqué le sujet, elle lui accorde un fond approprié à sa personnalité, ce qui permet de mieux le situer dans la société ou de le mettre en valeur. Elle est critiquée pour ses dessins qui l’éloignaient de sa peinture. Elle devenait académique et perdait son originalité. Pourtant plusieurs expositions auront lieu dans divers endroits de Paris et, en 1949, elle repart aux États-Unis et elle expose à Manhattan : Après, elle fuit définitivement le monde de l’art et se retire dans un couvent, dans l’anonymat le plus complet. Anatole Jakovsky essaiera vainement de la retrouver. Elle décède en 1978 laissant en témoignage la force que peut donner l’approche artistique dans le creux d’une vie.

En 1940 à Vittel, elle développe l’art du portrait. Elle y sera déportée en tant qu’Américaine et y restera jusqu’en 1944. Là, après une distribution fortuite par la Croix-Rouge de crayons et de papier aux détenus, elle s’est donné comme mission de dessiner le portrait de compagnons d’infortune ainsi que certains lieux de vie. Ses dessins se sont révélés très précieux tant pour ses modèles que pour son art. Elle a pu fixer dans le temps ces moments difficiles. Et, lors d’une exposition qui lui a été accordée au Grand Hôtel de Vittel en 1944, beaucoup ont pu se reconnaître avec émotion et bonheur. Elle y a ajouté plusieurs autoportraits qui la révèlent plongée dans le rêve et dans son secret.

À la fin de la guerre, elle change de style. Elle choisit de rester en France et, dans un certain dénuement, elle mène une vie nomade de maisons amies à des séjours à l’hôtel. Elle peint et dessine des paysages, des animaux, des fleurs, tout en continuant à exécuter les portraits de tous ceux qu’elle rencontre, du facteur aux plus illustres tels Jean Cocteau, Paul Eluard, Jean Dubuffet. Contrairement aux premières œuvres, son expression est fidèle à ce qu’elle voit, mais elle l’imprègne de ses émotions. Dans les portraits, après avoir croqué le sujet, elle lui accorde un fond approprié à sa personnalité, ce qui permet de mieux le situer dans la société ou de le mettre en valeur.

« Venez et regardez-moi. Je suis devenue un peintre. »

Elle est critiquée pour ses dessins qui l’éloignaient de sa peinture. Elle devenait académique et perdait son originalité. Pourtant plusieurs expositions auront lieu dans divers endroits de Paris et, en 1949, elle repart aux États-Unis et elle expose à Manhattan : Après, elle fuit définitivement le monde de l’art et se retire dans un couvent, dans l’anonymat le plus complet. Anatole Jakovsky essaiera vainement de la retrouver. Elle décède en 1978 laissant en témoignage la force que peut donner l’approche artistique dans le creux d’une vie.

L’escadrille de printemps, Gertrude O’Brady (1940), Peinture à l’huile, Donation Boyadjian, Inv. N° B029.